LA ROSE ET LE CHENE
Rosette était une rose de toutes les couleurs au parfum unique de biscuit sortant du four.
Sa beauté et son parfum lui valait l’admiration des fleurs et des insectes du jardin.
Rosette aurait dû être heureuse mais malheureusement, elle avait des racines et ne pouvait pas bouger.
Cela la rendait triste car elle voulait découvrir ce qu’il y avait derrière les limites du jardin.
Elle était persuadée que ce qui se trouvait dans les autres jardins était bien plus beau que tout ce qui l’entourait.
Elle vivait à côté d’un grand chêne, un arbre vieux et immense qui lui bouchait la vue et le soleil.
Rosette détestait cet arbre et elle soupirait en le regardant pour lui faire comprendre qu’elle ne l’aimait pas.
Avec le temps, elle s’était isolée du monde, elle ne faisait plus attention au temps ou aux habitants de son jardin.
Elle passait ses journées à imaginer ce qui se passait là où elle ne pouvait pas aller.
L’arbre finit par en avoir assez de l’entendre se plaindre.
Il parlait peu alors quand il le faisait, les habitants du jardin l’écoutaient.
Le jour où il ouvrit la bouche pour parler à Rosette, le jardin tout entier se tût et sa voix sortit la rose de sa rêverie.
« Tu te plains toute la journée, jeune fille, comme si tu étais la plus à plaindre ici. »
« Sache que ce n’est pas vrai et que j’en ai assez de ton comportement »
Rosette le regarda stupéfaite et lui répondit :
« C’est à cause de toi que je suis si triste. Tu me gâches la vie en m’empêchant de voir les autres jardins !! »
« Et puis je veux voyager ! ajouta-t-elle »
« Une rose aussi unique que moi devrait être montré au monde au lieu d’être coincé ici avec des gens ordinaires. »
Le chêne éclata de rire et remercia Rosette car cela faisait longtemps qu’il n’avait pas ri comme ça.
Rosette se fâcha aussitôt et lui cria :
« Pourquoi ris-tu ? »
« Je suis exceptionnelle, tout le monde le dit !!!! »
L’arbre se pencha sur elle et lui murmura :
« C’est vrai que tu es belle et unique mais cela ne te donne pas le droit de maltraiter les habitants du jardin. »
« Sans eux, tu ne serais rien, peut-être même que tu n’existerais pas ! Y as-tu déjà pensé ? »
Comment osait-il dire une chose pareille ? pensa Rosette. Elle n’avait besoin de personne pour vivre.
Le chêne continuait son discours.
« Chacun des habitants de ce jardin a un rôle à jouer. »
« Ils transportent les graines, aèrent la terre, repoussent les nuisibles, entretiennent tes racines et nettoient les saletés. »
« Ton rôle à toi est de leur permettre de rêver et d’être heureux mais tu refuses de tenir ton rôle. »
« Ouvre les yeux, regarde ce qui t’entoure et tu verras qu’il y a ici aussi des merveilles que tu ne trouveras pas ailleurs. »
« Tu es unique dans ce jardin mais d’autres fleurs meveilleuses existent dans d’autres jardins. »
« Si tu continues de rêver de voyage sans t’occuper de toi, tu vas faner et les humains vont te remplacer. »
« Je suis dans ce jardin depuis très longtemps et tu n’es pas la première fleur « unique » à être planté dans ce jardin »
Puis il se tût comme il en avait l’habitude.
Rosette était choquée, elle n’en revenait pas qu’on puisse ainsi la sermonner.
Elle bouda toute la nuit mais quand elle regarda pour la première fois le jardin à ses pieds, elle découvrit la vie qui existait autour d’elle.
Comment elle avait pu passer à côté de tout cet univers ?
Elle remarqua alors les couleurs des fleurs, les fruits des arbres et les animaux en plein travail.
Elle regarda ses propres branches et aperçut des coccinelles qui mangeaient les pucerons ainsi que les abeilles qui venaient prendre son pollen et elle sentait aussi des insectes dans ses racines.
Le vieil arbre avait raison et elle s’en voulait de ne pas s’en être rendue compte plus tôt.
Elle le remercia sur le champ et il lui sourit gentiment.
Le soir, elle s’endormit en se promettant de tenir son rôle dans son jardin.
Quand le soleil se leva, elle ouvrit grand ses pétales et son parfum se répandit dans le jardin.
Pour ne plus être seule, elle commença la fabrication d’autres fleurs comme elle, toute unique à leur manière mais avec son parfum à elle et sa couleur si originale.
En sentant son parfum et en voyant ses couleurs, les habitants du jardin furent plus heureux et leurs journées passèrent plus vite.
Leur rose préférée, la reine du jardin faisait enfin son travail et le leur devenait donc plus léger.
FIN